ABRUPTO

10.1.12


EARLY MORNING BLOGS  
2142 - Le Chant du Cosaque

Viens, mon coursier, noble ami du cosaque,
vole au signal des trompettes du nord.
Prompt au pillage, intrépide à l' attaque,
prête sous moi des ailes à la mort.
L' or n' enrichit ni ton frein ni ta selle ;
mais attends tout du prix de mes exploits.
Hennis d' orgueil, ô mon coursier fidèle !
Et foule aux pieds les peuples et les rois.
La paix, qui fuit, m' abandonne tes guides ;
la vieille Europe a perdu ses remparts.
Viens de trésors combler mes mains avides ;
viens reposer dans l' asile des arts.
Retourne boire à la Seine rebelle,
où, tout sanglant, tu t' es lavé deux fois.
Hennis d' orgueil, ô mon coursier fidèle !

Comme en un fort, princes, nobles et prêtres,
tous assiégés par des sujets souffrants,
nous ont crié : venez ! Soyez nos maîtres ;
nous serons serfs pour demeurer tyrans.
J' ai pris ma lance, et tous vont devant elle
humilier et le sceptre et la croix.
Hennis d' orgueil, ô mon coursier fidèle !
J' ai d' un géant vu le fantôme immense
sur nos bivouacs fixer un oeil ardent.
Il s' écriait : mon règne recommence !
Et de sa hache il montrait l' occident.
Du roi des huns c' était l' ombre immortelle :
fils d' Attila, j' obéis à sa voix.
Hennis d' orgueil, ô mon coursier fidèle !
Tout cet éclat dont l' Europe est si fière,
tout ce savoir qui ne la défend pas,
s' engloutira dans les flots de poussière
qu' autour de moi vont soulever tes pas.

Efface, efface, en ta course nouvelle,
temples, palais, moeurs, souvenirs et lois.
Hennis d' orgueil, ô mon coursier fidèle !

(P.-J. de Béranger)

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© José Pacheco Pereira
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