ABRUPTO

6.5.05


DOIS ANOS



BIBLIOFILIA









Este manual escolar, encontrado num alfarrabista, é de autoria de dois intelectuais seareiros e oposicionistas ao Estado Novo. Trata-se uma edição de autor, típica na época, destinada a garantir um pecúlio a quem tinha limitações de acesso a cargos públicos e conhecia muitas dificuldades económicas. Os textos no seu interior são do melhor da grande literatura francesa e um prazer de ler, como esta carta ficcional, escrita por Mme Rastignac a seu filho, no romance de Balzac Le Père Goriot:

"Mon cher enfant, je t'envoie ce que tu m'as demandé. Fais un bon emploi de cet argent, je ne pourrais, quand il s'agirait de te sauver la vie, trouver une seconde fois une somme si considérable sans que ton père en fût instruit, ce qui troublerait l'harmonie de notre ménage. Pour nous la procurer, nous serions obligés de donner des garanties sur notre terre. II m'est impossible de juger le mérite de projets que je ne connais pas : mais de quelle nature sont-ils donc pour te faire craindre de me les confier ? Cette explication ne demandait pas des volumes, il ne nous faut qu'un mot à nous autres mères. et ce mot m'aurait évité les angoisses de l'incertitude. Je ne saurais te cacher l'impression douloureuse que ta lettre m'a causée. Mon cher fils, quel est donc le sentiment qui t'a contraint à jeter un tel effroi dans mon coeur ? tu as dû bien souffrir en m'écrivant, car j'ai bien souffert en te lisant. Dans quelle carrière t'engages-tu donc ? Ta vie, ton bonheur seraient attachés à paraître ce que tu n'es pas, à voir un monde où tu ne saurais aller sans faire des dépenses d'argent que tu ne peux soutenir, sans perdre un temps précieux pour tes études ? Mon bon Eugène, crois-en le coeur de ta mère, les voies tortueuses ne mènent à rien de grand. La patience et la résignation doivent être les vertus des jeunes gens qui sont dans ta position. Je ne te gronde pas, je ne voudrais communiquer à notre offrande aucune amertume. Mes paroles sont celles d'une mère aussi confiante que prévoyante. Si tu sais quelles sont tes obligations, je sais, moi, combien ton coeur est pur, combien tes intentions sont excellentes. Aussi puis-je te dire sans crainte : Va, mon bien-aimé, marche ! Je tremble parce que je suis mère : mais chacun de tes pas sera tendrement accompagné de nos voeux et de nos bénédictions. Sois prudent, cher enfant. Tu dois être sage comme un homme, les destinées de cinq personnes qui te sont chères reposent sur ta tête. Oui, toutes nos fortunes sont en toi, comme ton bonheur est le nôtre. Nous prions tous Dieu de te seconder dans tes entreprises. Ta tante Marcillac a été, dans cette circonstance, d'une bonté inouïe : elle allait jusqu'à concevoir ce que tu me dis de tes gants. Mais elle a un faible pour l'aîné, disait-elle gaiement. Mon Eugène, aime bien ta tante, je ne te dirai ce qu'elle a fait pour toi que quand tu auras réussi : autrement, son argent te brûlerait les doigts. Vous ne savez pas, enfants, ce que c'est que de sacrifier des souvenirs ! Mais que ne vous sacrifierait-on pas ? Elle me charge de te dire qu'elle te baise au front, et voudrait te communiquer par ce baiser la force d'être souvent heureux. Cette bonne et excellente femme t'aurait écrit si elle n'avait pas la goutte aux doigts. Ton père va bien. La récolte de 1819 passe nos espérances. Adieu, cher enfant. Je ne dirai rien de tes soeurs : Laure t'écrit. Je lui laisse le plaisir de babiller sur les petits événements de la famille. Fasse le ciel que tu réussisses ! Oh ! oui, réussis, mon Eugène, tu m'as fait connaître une douleur trop vive pour que je puisse la supporter une seconde fois. J'ai su ce que c'était que d'être pauvre, en désirant la fortune pour la donner à mon enfant. Allons, adieu. Ne nous laisse pas sans nouvelles, et prends ici le baiser que ta mère t'envoie."

Como é que se fica quando se é educado por estes textos?

*
O texto é de grande beleza e força. Ao lê-lo sente-se alguma estranheza pois parece retratar algo bem mais distante do nosso mundo actual do que uma carta deste tipo era suposto mostrar. Cartas entre mães e filhos não deveriam variar muito de uma época para a outra. No entanto esta parece tão longínquo que não consigo impedir de me interrogar sobre o que diriam os psicólogos e peritos em “jovens” de hoje de um texto deles? Falariam de édipos mal resolvidos, de chantagens afectivas, de falhas no processo de autonomização, de demasiadas expectativas projectadas nos filhos, de discurso demasiado moralizante? Que discurso teriam sobre paciência e resignação como virtudes dos jovens? De paciência talvez se falasse, mas resignação é uma palavra a cair no desuso. É contrária a toda a potencialidade inspiradora da “assertiveness”. Mudam-se os tempos, mudam-se as cartas… Hoje seria um SMS de poucas linhas, numa linguagem codificada cheia de “k” e de “x” terminando com “beijinhos”, que parece ser o único código actualmente aceite para veicular qualquer tipo de afectividade, ou não!
(J.)

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© José Pacheco Pereira
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